Rouler trop vite au seuil : l’erreur qui ruine tes progrès en octobre, je te dis pourquoi

Octobre, c’est souvent le mois où l’on « remet une couche » d’intensité après l’été. Beaucoup de cyclistes repartent sur des blocs au seuil et… appuient un peu trop fort. Sur le moment, les sensations sont bonnes, la fréquence cardiaque monte vite et on a l’impression de “travailler”. Sauf qu’à moyen terme, les watts stagnent, la fatigue s’accumule et les sorties deviennent de plus en plus lourdes. La cause est simple : tu roules trop vite au seuil. On voit pourquoi, comment l’éviter, et comment structurer tes séances pour que le mois d’octobre te fasse vraiment progresser.

Pour aller droit au but :

Pourquoi « trop vite » sabote l’entraînement au seuil

Le travail au seuil vise une zone précise de puissance et de métabolisme : grosso modo 95–100 % de FTP avec une respiration contrôlée et une acidité musculaire tolérable. Quand tu dépasses ce couloir d’allure, tu glisses vers la VO₂max : l’effort devient plus glycolytique, la dérive cardiaque s’emballe, et tu réduis mécaniquement le temps passé dans la bonne zone. Résultat : tu fais moins de volume spécifique, tu fatigues davantage et tu récupères moins bien.

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La littérature d’entraînement montre que la progression au seuil dépend surtout du temps effectif proche du seuil (TEV) cumulé semaine après semaine, plus que de quelques minutes « héroïques » au-dessus. En clair : mieux vaut 2 × 20 min propres à 95–100 % FTP que 2 × 15 min arrachées à 103–105 % qui te grillent pour trois jours.

Les signes qui ne trompent pas

Tu roules probablement trop vite au seuil si :

  • tes premières minutes sont 10–15 W trop haut, puis tu “exploses” et termines 20 W trop bas ;
  • ta fréquence cardiaque continue de grimper à puissance constante et finit > 92 % FCM ;
  • tu as besoin de 72 h pour t’en remettre alors que la séance devait être « soutenue, pas terminale » ;
  • tes sorties d’endurance du lendemain se transforment en survie.

Si tu te reconnais, bonne nouvelle : l’ajustement est simple et paie vite.

Ce que dit la physio, sans jargon inutile

Travailler au seuil développe ta puissance soutenable en améliorant la clairance du lactate, l’oxydation des glucides et la contribution des fibres intermédiaires. Mais cet affûtage ne s’opère que si la dette n’explose pas. Déborder régulièrement en Zone 5, c’est changer de filière, accumuler une fatigue nerveuse inutile et grignoter l’endurance de base. Or 70–80 % de ton volume hebdo doit rester en endurance fondamentale pour que tes séances dures portent leurs fruits.

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Comment calibrer ton vrai seuil d’octobre

  1. Base la puissance sur ta FTP actuelle, pas sur celle du printemps. Si tu n’as pas testé récemment, cale une séance “Tempo soutenu” 2 × 15 min à 88–92 % FTP. Si c’est déjà dur, revois tes zones.
  2. Cardio garde-fou. En fin d’intervalle au seuil, ta FC devrait se stabiliser autour de 88–92 % FCM. Au-delà, tu es probablement trop haut ou déshydraté.
  3. Cadence maîtrisée. Vise 85–95 RPM. Trop bas, tu transformes ta séance en force ; trop haut, tu changes la mécanique de l’effort.
  4. RPE cohérent. L’échelle d’effort perçu doit rester à 7/10, respirable en phrases courtes. Si tu bascules en 8–9/10, c’est déjà du sur-régime.

Une progression de quatre semaines pour octobre

L’objectif : accumuler 60–80 minutes de vrai seuil sur le mois, sans entamer la suite. Voici un canevas simple, à ajuster à ton temps dispo.

  • Semaine 1 – Réinstalle la qualité. 2 × 12 min à 95–100 % FTP, récup 6 min. Une seule séance seuil. Le reste en Z2.
  • Semaine 2 – Allonge. 2 × 15 min, récup 7–8 min. Garde au moins 48 h avant/après pour de l’endurance.
  • Semaine 3 – Consolidation fractionnée. 3 × 12 min, récup 6 min. Option « seuil vallonné » si tu roules dehors.
  • Semaine 4 – Allure chrono contrôlée. 2 × 20 min clean. Si tu es en forme, ajoute 1 × 10 min à 92–95 % à la fin.

Entre ces séances, cale une sortie endurance active longue ou un bloc foncier de 2 à 3 h. C’est elle qui “paie” l’adaptation, pas l’empilement des intensités.

Trois séances seuil qui font progresser… quand elles sont bien tenues

1) Seuil lactique classique

  • Structure : 2 × 20 min à 95–100 % FTP, récup 8 min.
  • Clés de réussite : départ prudent les 3 premières minutes, cadence stable 85–90 RPM, hydratation toutes les 7–8 min.
  • Bénéfice : tolérance lactate et puissance soutenable en hausse.

Fiche détaillée : Séance Seuil lactique classique

2) Tempo soutenu

  • Structure : 3 × 12–15 min à 88–92 % FTP, récup 5 min.
  • Clés : penser « économie » : pédalage rond, position propre, respiration régulière.
  • Bénéfice : densité de travail élevée avec fatigue maîtrisée, idéal en reprise d’octobre.

Fiche détaillée : Séance Tempo soutenu

3) Seuil fractionné

  • Structure : 4 × 10 min à 95–100 % FTP, récup 4–5 min.
  • Clés : rester dans la zone, pas au-dessus. La somme des minutes compte plus que le pic.
  • Bénéfice : gros volume proche du seuil sans dérive excessive.

Fiche détaillée : Séance Seuil fractionné

Erreurs fréquentes en octobre… et correctifs rapides

  • Sauter la base d’endurance. Rappel simple : 70–80 % du volume hebdo en Z2. Sans ça, la salle des machines ne suit pas.
    → Glisse chaque semaine une Endurance active longue de 2h–3h : la séance ici.
  • Empiler seuil + VO₂max. Deux séances dures dans 7 jours, oui. Trois ou quatre, non.
    → Si tu veux garder un peu de “peps”, remplace une VO₂max par Tempo soutenu ou Sweet Spot sur home trainer.
  • Seuil en côte trop raide. Tu passes en force et tu changes la nature de la séance.
    → Choisis une pente douce, un faux plat, ou fais-la sur HT pour verrouiller la puissance.
  • Mauvaise gestion des 5 premières minutes. Partir 15 W trop haut flingue tout l’intervalle.
    → Utilise un lap auto et cale un “ramp-up” de 60–90 s avant d’atteindre la cible.

Exemple de semaine type « Seuil propre »

  • Lundi : repos ou mobilité/PPG courte.
  • Mardi : Seuil fractionné 4 × 10 min.
  • Mercredi : Endurance Z2 90–120 min, cadence 90 RPM.
  • Jeudi : 60–75 min faciles ou vélocité technique.
  • Vendredi : Tempo soutenu 3 × 15 min.
  • Samedi : repos relatif, marche, étirements légers.
  • Dimanche : Endurance active longue 2h30–3h.

Ce canevas pose 60–70 min de travail proche du seuil dans la semaine, sans basculer en sur-fatigue. Ajuste les volumes à ton agenda, mais garde l’esprit : deux séances qualitatives, entourées de foncier.

Quand et comment réévaluer ta zone

  • Si la RPE descend franchement à puissance stable, allonge la durée avant d’augmenter les watts.
  • Si tu termines trop haut en FC alors que la puissance baisse, revois la FTP ou la récupération.
  • Tous les 6–8 semaines, une référence type 2 × 20 min propre ou un test structuré te permet d’actualiser.

Ce qu’il faut retenir

Le seuil fait progresser quand tu respectes le couloir. En octobre, la tentation d’appuyer est grande ; résiste, empile des minutes propres, protège ton endurance et tu verras la courbe monter sans te cramer. Ce n’est pas le sprint final qui fait la différence, c’est la rigueur invisible sur chaque intervalle.

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